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Youssoupha Noir Désir lyrics

Noir désir is the third studio album by French rapper, Youssoupha, released on January 23, 2012, through Bomayé MusiK/Believe.
C'est la bonne nouvelle du rap français de ce début d'année : le "rap d'amour", expression inventée par le rappeur Youssoupha, fait mieux que "le rap de rue", un genre développé par Booba, Rohff, L.I.M...

Son troisième album, Noir désir, est un succès critique et commercial. Dès le premier morceau, L'Amour, Youssoupha prétend renoncer à ce genre qui pour lui était devenu "un fourre-tout pour des récits de bandits, délinquants pseudo-racailleux, finalement sans talent et sans créativité".

Il prend ainsi le contre-pied de toute une génération poussée notamment par Booska-P, site Internet qu'il considère comme un passage obligé pour rester en contact avec les 14-21 ans et qui sort le mercredi 1er février sa compilation de nouveaux talents aux textes très âpres : "Je racontais peut-être des choses aussi dures à leur âge, commente le rappeur, 32 ans. Aujourd'hui, j'ai plus de détachement. Eux sont plus bruts, plus directs, mais mieux vaut commencer comme ça et prendre plus de hauteur avec le temps." De la hauteur, il en a pris depuis mars 2009 où, pour répondre à une assignation en justice du journaliste Eric Zemmour pour "menaces de crime et injure publique", il écrit une tribune dans Le Monde (20 avril 2009), se défendant d'être "le rappeur-gangster-tueur qui veut faire tuer le polémiste". Dans un morceau, A force de dire, Youssoupha avait proposé "de mettre un billet sur la tête de ce con d'Eric Zemmour", qui affirmait que le rap était une "sous-culture d'analphabètes".

Depuis, le rappeur a été condamné à 800 euros d'amende et 1 000 euros de dommages et intérêts. Dans Menace de mort, il revient sur l'épisode en rappelant que "notre art, c'est de vous vexer"."Par "vous", explique-t-il, j'entends les institutions culturelles et médiatiques. Avec le temps, on a pris acte : la culture urbaine n'est pas souvent mise en valeur. Les médias invitent les rappeurs non pas pour parler de musique mais quand il y a des émeutes. Notre art, c'est de dire : "On n'est pas d'accord avec cette hiérarchie des cultures.""

Sa meilleure réponse, c'est peut-être cet album où il ne s'épargne pas lui-même, refusant la posture du rappeur donneur de leçons, comme il le rappe dans le titre ironique L'enfer, c'est les autres : "Qu'est ce que j'en sais du mal des autres, en vérité ?/ A force de vivre dans un clip, j'ai perdu le sens des réalités." Le rappeur l'avoue, c'est en rencontrant son public en tournée qu'il a changé. C'est en élevant son petit garçon de 3 ans qu'il a relativisé l'univers très concurrentiel du rap français : "Avant, je cherchais à être en place, écrit-il dans L'Amour. Aujourd'hui, je cherche des places en crèche."

Né à Kinshasa en République démocratique du Congo (ex-Zaïre), il fait la part belle à la musique congolaise en enregistrant un morceau, Noir désir, avec le groupe Staff Benda Bilili, et un autre, Les Disques de mon père, avec Tabu Ley Rochereau, dont il est un des nombreux enfants : "Comme je n'ai pas grandi avec lui, explique-t-il, il y a toujours eu un peu de distance entre nous. Quand j'ai eu mon petit garçon, je me suis dit que lui n'avait pas à attendre de voir son grand-père tous les 7-8 ans. Maintenant, je le vois plus régulièrement."

En écoutant Pitié, un de ses anciens disques, il a l'idée d'écrire un texte pour le réhabiliter : "Beaucoup de ses enfants, continue-t-il, peuvent lui en vouloir parce que c'était un père absent. Il avait le train de vie d'une star de la musique africaine. Ce qu'on peut lui reprocher, c'est peut-être potentiellement ce que mon fils pourra me reprocher plus tard. J'ai pardonné à mon père, je l'ai mieux compris en étant père et artiste moi-même. Mais le showbiz ne fait pas de bons pères de famille. Moi, j'espère que mon fils n'aura pas à en souffrir." Plus sage, père donc, détaché, Youssoupha n'est pourtant pas de ceux qui portent un regard condescendant sur les plus jeunes. Il n'est pas du genre à se vêtir d'un de ces t-shirts qui fleurissent dans les concerts : "Le rap, c'était mieux avant" : "Quand on se réfère au passé, réfute-t-il, on occulte toujours ce qui n'allait pas. Moi, je me rappelle aussi que les artistes de rap étaient assistés par les maisons de disques, qu'ils bâclaient leur tournée, qu'ils étaient ingérables... Il y avait aussi des disques creux." Tout le contraire de ce qu'il fait aujourd'hui. par Stéphanie Binet, Le Monde